« A chaque contraction, c’est horrible, tu vomis ! » « Je préfère être à ma place, qu’a la tienne ! » « Les médecins disent que c’est ce qu’il y de plus douloureux et traumatisant pour le corps, si, si, j’te jure ! »
La liste est longue…
Bref, tout un tas de réflexion que tu te passerais bien d’entendre, qu’en tu es au bord… au bord de l’explosion ! Bon Ok, c’est vrai me direz vous, il y a tout de même des exceptions… mais comme tout ce qui frôle l’exceptionnel, ça reste exceptionnel !
Alors je ne sais pas ce qui pousse toutes nos charmantes copines, à nous raconter avec une certaine fierté, à quel point elles en ont bavé, voir chié (au sens propre comme au figuré)… ce qui est sur, c’est que grâce a elles, toutes autant que nous sommes Mesdames, on est mortes de trouille !
Les interrogations et remises en question fusent, merci les copines : Allons nous être à la hauteur ou encore supporter la douleur, le jour ou notre chérubin décidera de pointer le bout de son nez ?
Alors moi, j’ai décidé aujourd’hui de faire comme elles, raconter mon accouchement.
Tout a commencé un soir vers 22 heures… une contraction toutes les cinq minutes environ. Je ne savais pas très bien si c’était ça, je n’avais pas mal… et d’après tout ce que j’avais entendu, le mot contraction se mariait assez bien avec le mot douleur ! Bref, mon homme est devant l’ordinateur, en train de monter le film de notre mariage et moi, je regarde une connerie à la télé… le temps passe, les contractions sont régulières. Bon, il est vrai que des contractions, j’en ai depuis un mois, alors que faire ? Je regarde mon mec, absorbé par son montage… alors je lui demande ce qu’il en pense… « Mmmm, ben j’sais pas moi ! ».
Pour sa décharge, on est allé à l’hôpital la veille… je ne me sentais pas très bien et puis, j’avais super mal au pieds, il enflait même ! Aux urgences, on m’a envoyée directement à la maternité… vu mon état ! On m’examine, le col n’a pas bougé, mais quand même cette douleur au pieds ! La sage-femme ne pouvant diagnostiquer l’affaire, a fait appel à un interne en gynéco… tu parles pour un pieds ! Bref, on m’envoie faire une radio… le verdict tombera une vingtaine de minute plus tard. « La goutte. Vous faites une crise de goutte Madame. Vous chassez ? Vous buvez peut-être ? Ou non, vous abusez du saucisson, du pâté ou de la tête de veau ? » Non mais sérieusement, une crise de goutte… il paraît que je n’ai pas le profil ! Toujours est-il qu’à défaut de repartir avec bébé, on est repartis trois heures plus tard, avec la goutte et un pansement sur l’orteil droit !
Bref. Deux heures plus tard, je décide tout de même de prendre un Spasfon, si les contractions disparaissent, c’est une fausse alerte. Il est maintenant 1h30 du matin, il faut prendre une décision… Je n’ai pas mal, mais les contractions sont bel et bien là, et qui plus ait, je sens quelque chose ou quelqu’un sûrement, qui pousse vers le bas. « Toc toc toc… c’est moi ? ».
Au final, on rassemble mes affaires dans l’entrée, il ne manque rien… allons-y !
On arrive à l’hôpital n petit quart d’heure plus tard… on m’examine… le travail a commencé !
Je ne suis qu’à deux de dilatation, la sage-femme me propose deux solutions : aller marcher une heure ou deux dans le couloir, pour faire avancer les choses, ou bien me percer la poche des eaux. Je demande ce qu’il y a de plus rapide, je jette un rapide coup d’œil vers mon homme… devenu bleme… il n’en revient pas, cette fois, c’est la bonne ! Je sens, là encore, que la décision m’appartient.
J’enfile ma blouse, je me dirige le cul à l’air, vers la salle d’accouchement. Je m’allonge, et en l’espace de quelques secondes, je me retrouve avec une perf au bras gauche, une autre aiguille me suce le sang à droite… bref, je réalise enfin que je vais accoucher. La poche des Eaux est percée !
Je suis un peu flippée, j’ai peur d’avoir mal… merci les cops ! Je répète toutes les deux minutes à la sage-femme, que je veux bien la péridurale tout de suite… elle sourit, compatissante ! Manque de bol, il me manque une analyse, la coagulation ! Quelle merde… le temps d’attendre les résultats… vais-je tenir le coup ! Je ne ressens pourtant pas de douleur, seulement mon ventre qui se contracte… mais je sais que l’Ocytocine coule dans mes veines, que ça accélère les contractions… alors, à en croire les copines, c’est ce qu’il y a de pire !
Une demie-heure plus tard, j’envoie mon homme aux nouvelles, mes résultats sanguins sont-ils revenus ? Je tends l’oreille… « Pas encore. Si vous voulez, vous pouvez rentrer chez vous, nous vous appellerons deux ou trois heures avant la venue de votre bébé ! ». Il revient dans la salle, désolé de me dire qu’il faut attendre encore un peu… gêné en me disant qu’on lui a proposé de rentrer. La décision m’appartient, encore et toujours !
Bon… je vais bientôt avoir ma péridurale… après tout, même si j’appréhende toujours, il sera mieux à la maison ! Il prend le soin, avant de partir, de poser mon bouquin sur le lit, de me faire un bisou … et un petit sourire qui en dit long.
Je ne tarde pas à appeler la sage-femme, pour lui rappeler que je suis là… on ne sait jamais… « … et ma péridurale ? ». L’anesthésiste arrive quelque minutes plus tard. Là encore, je suis briefée… surtout, ne pas regarder la piqûre… c’est super impressionnant ! Cette fois, je ne fais pas la maline… on me badigeonne le dos entier de bétadine… j’ai peur !
« Faites le dos rond Madame… Allez, mieux que ca ! » Etc…
C’est magique, moi qui ne sentais quasi rien, à cet instant, c’est le néant !
Je bouquine, je somnole… et très vite, enfin huit plus tard, après une bonne nuit et une petite douche, mon homme me retrouve. Plus que deux petits centimètres…
Soudain, tout s’accélère… il va falloir pousser. On installe le matériel, prépare les accessoires… le médecin, un interne et une deuxième sage-femme investissent les lieux (et oui, bébé est gros !)… Je vais enfin voir à quoi elle ressemble… Mon homme, ému, m’annonce la couleur, il a déjà envie de pleurer !
S’il te plait, pas maintenant, j’ai besoin de toi !
« Aller aller… on pousse… c’est bien ! Oui oui aller ! On souffle… » Je passe par toutes les couleurs, je ne sens rien, j’ai juste l’impression que je vais exploser ! Je leur dit même, sur le ton de la plaisanterie (quoique…), d’aller la chercher, de m’aider, de faire quelque chose quoi !
Ai-je été entendue ? Ma petite fille sortira quelques minutes plus tard, avec l’aide les forceps…
Un moment fort, une émotion intense… ses yeux ouverts vers le monde, plongés dans les nôtres…
Un accouchement sans aucune douleur… dommage les copines !